Joue-la comme Giaco

Le dessin est la base de tout.

Alberto Giacometti

Samedi dernier a eu lieu le troisième et dernier atelier estival de dessin proposé par l’Institut Giacometti dans son « laboratoire ». J’ai eu la chance d’y participer et de faire un pas de plus vers une de mes envies : en effet, ce fut une grande première pour moi d’avoir un modèle nu à portée de mine !

10h sonnantes, je me fonds dans le groupe des anonymes qui, carnets en poche, s’installent religieusement en demi-cercle autour de l’estrade où le corps « à croquer » est déjà en place. Zoé, notre modèle, prend la pose pour 1 minute, puis 5, puis 10 : le silence grandit, le temps se suspend, seuls les froissements des feuilles de papier et le doux bruit des caresses des pointes carbones sur elles s’élèvent. Nous sommes là, pleinement connecter au présent, à la beauté de l’instant.

Mes essais varient d’une simple ligne à la naissance de contours humains : je teste différents types de crayon, j’explore ma façon de capter les parties du corps qui s’offrent à moi. Quand les poses deviennent mouvantes, je décroche et j’en profite pour m’émerveiller devant la dextérité des habitué/es, ceux/celles qui savourent l’exercice comme Sylvie, avec des mines grasses ou multicolores, et qui tracent sans relâche les mouvements gracieux du corps mobile de la modèle.

La matinée se termine avec Zoé qui prend « la pause Giacometti », celle des femmes debouts, et j’ai la sensation étrange que nous avons été guidé/es, pendant ces 3 heures, par le maitre. Cette expérience a été étonnement une façon, pour moi, de me réconcilier avec mon corps, avec tous les corps et je sors de cet atelier en ayant l impression de m’être autant mise a nu que le modèle !

La grande aventure, c’est de voir surgir quelque chose d’inconnu, chaque jour, dans le même visage. C’est plus grand que tous les voyages autour du monde.

Alberto Giacometti

À la suite de l’atelier, Alice – qui l’a organisé – me propose de découvrir l’intérieur de l’écrin « art déco » qui attire tous les regards au 5 de la rue Schoelcher. Je commence ma visite par la petite salle dédiée aux dessins de l’artiste qui traçait des corps sur tout ce qui était à sa portée, des livres aux carnets : son obsession pour le corps est vicérale et intensément palpable.

Mon exploration se termine par un échange passionnant avec Claire – une des médiatrices – qui me partage avec joie des détails de l’exposition invisibles à l’oeil nu sur la vie artistico-monacale de l’artiste. Nous sommes restées un long moment assises sur les marches devant l’atelier sous verre qui a été transféré de la rue Hippolyte Maindron : de la première sculpture d’Alberto représentant son frère à sa dernière représentant un de ses amis en position de scribe… jusqu’aux murs de l’atelier-caverne également investis par l’artiste !

Se restreindre le plus possible pour se rapprocher le plus possible.

Alberto Giacometti

Giacometti aimait l’art brut, primitif, il vouait d’ailleurs une passion dévorante pour l’Egypte. Je ne peux m’empêcher de penser que ces femmes debouts, droites. ancrées, parfois un pas un avant, font un clin d’oeil aux événements qui se multiplient pour que le féminin occupe pleinement sa place pour rééquilibrer le monde.

L’Institut Giacometti est un bijou où il faut bon se laisser toucher par la grâce. Je vous invite à prendre votre billet pour une des visites guidées proposées d’ici le 6 novembre et de prévoir du temps pour feuilleter les nombreux ouvrages sur la vie et l’oeuvre d’Alberto à disposition !

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Credit Photo via Unsplash

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